La moitié des médecins au Canada sont contre la légalisation
La moitié des médecins canadiens sont divisés sur le cannabis, et le type de soin qu’ils offriront à la suite de la légalisation
À la stupéfaction des patients soignés au cannabis thérapeutique, la moitié des médecins canadiens s’opposent à la légalisation prévue pour le 17 octobre prochain. C’est ce que nous rapporte un sondage dévoilé lundi par MD Analytics. En outre, le sondage reflète le malaise dans la profession, et une certaine frustration face aux avancées médicales du cannabis thérapeutique au Canada.
Frustration professionnelle
Selon un sondage sur 235 médecins généralistes, 47 % des docteurs s’opposent à la légalisation du cannabis récréative. Tandis que 32 % d’entre eux sont en faveur de la décriminalisation de la marijuana. Ainsi, 88 % des médecins opposés à la légalisation s’attendent à traiter plus de patients pour des problèmes de dépendances… Contre 58 % en faveur de la légalisation qui expriment la même crainte…
Les médecins contre la décriminalisation sont aussi plus nombreux que leurs collègues à s’attendre à une catastrophe médicale… Ils pensent traiter plus des patients souffrant du cerveau (86 % contre 60 %), des symptômes psychotiques (87 % contre 61 %), de l’anxiété (63 % contre 42 %) et de la dépression (56 % contre 32 %).
Les médecins canadiens semblent très divisés au sujet de la légalisation. Selon le camp dans lequel ils se retrouvent, certains d’entre eux ne sont pas du tout à l’aise avec le cannabis… Ceci est dû à une frustration professionnelle, à un manque de recherches, et d’information sur le sujet.
Des patients prêts à informer
Toutefois, certains patients responsables estiment qu’il y a un travail à faire en ce qui concerne la perception du cannabis. James O’Hara, consommateur de cannabis médical et président du groupe Canadiens pour l’accès équitable à la marijuana médicinale, indique que les patients « veulent vraiment parler à leurs docteurs, mais [ils] pensent qu’il y a un mur de division en ce qui concerne le cannabis médicinal ».
M. O’Hara reconnaît que le système canadien de cannabis thérapeutique n’est pas parfait. Mais il voit une occasion pour le pays d’être un leader sur la scène mondiale, et il souhaite que les médecins en fassent partie.
Les docteurs en faveur de la légalisation
En contrepartie, les médecins en faveur de la légalisation sont plus enclins à voir des effets positifs. Ces docteurs s’attendent notamment à une diminution du nombre de consultations pour des cas d’anxiété (60 % contre 24 %), de douleurs chroniques (54 % contre 29 %), de fibromyalgie (45 % contre 23 %), d’attaques de panique (41 % contre 16 %) et d’insomnie (41 % contre 17 %).
En outre, les médecins interrogés dans le cadre du sondage ont aussi dit s’attendre à ce que certains patients abandonnent leur prescription de cannabis thérapeutique pour se tourner vers le cannabis dit récréatif.
Fondement de la division
Le cannabis divise non pas par sa nature, mais par sa façon de soigner. Les médecins opposés à la légalisation s’opposent aussi à une évolution médicale, qui a fait ses preuves jusqu’à ce jour. Le type de soin qu’offre le cannabis remet certainement en doute leurs compétences, leurs habitudes de prescription et sans doute leur moralité… Mais il y a bien des années que les médecins ne prêtent plus le serment d’Hippocrate contrairement à une idée reçue.
Le «serment médical», mettant en avant un caractère plus social et humaniste qu’un intérêt pour les soins, l’a remplacé… Le cannabis sera totalement légalisé au Canada au mois d’octobre, quel genre de serment devra prêter le médecin dans le futur ? Tout dépendra sans doute de la politique médicale qui prévaudra à ce moment, en espérant que d’ici là, nombre de médecins opposés à la légalisation, s’informeront ou se formeront un peu plus sur le sujet…
Les médecins à l’aube de la légalisation
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